Sélection de la langue

Recherche

Série Café virtuel de l'EFPC : Comment les universités canadiennes planifient l'avenir (TRN5-V10)

Description

Cet enregistrement d'événement présente une conversation avec Deep Saini, Ph. D., président de l'Université Dalhousie, et Suzanne Fortier, Ph. D., principale de l'Université McGill, sur l'avenir de l'enseignement supérieur.

(Consultez la transcription pour le contenu en français.)

Durée : 01:05:59
Publié : 29 mars 2022
Type : Vidéo

Événement : Série Café virtuel de l'EFPC : Comment les universités canadiennes planifient l'avenir


Lecture en cours

Série Café virtuel de l'EFPC : Comment les universités canadiennes planifient l'avenir

Transcription

Transcription

Transcription : Série Café virtuel de l'EFPC : Comment les universités canadiennes planifient l'avenir

[Le logo de l'EFPC s'affiche à l'écran.]

[Une séance de clavardage vidéo s'affiche réunissant Taki Sarantakis, Suzanne Fortier et Deep Saini.]

Taki Sarantakis de l'École de la fonction publique du Canada :Bienvenue au Café virtuel de l'École de la fonction publique du Canada (EFPC) où on discute de politiques et d'idées et non pas de la politique ni de la partisanerie. Nous sommes très heureux aujourd'hui d'accueillir deux éminents Canadiens qui viendront vous parler de l'un de mes sujets de prédilection, à savoir les universités canadiennes ou les universités en général et le rôle du savoir, mais aussi de l'une des choses les plus importantes que le Canada doit faire pour aller de l'avant. Qu'il s'agisse de la création et de la diffusion du savoir, de l'innovation et de la cohésion sociale. Il y a bien peu de choses dans le rayon des politiques publiques qui ne touchent pas, d'une manière ou d'une autre, le milieu universitaire et les universités du Canada. En tant que fonctionnaires, bon nombre d'entre nous sont ici aujourd'hui parce qu'il y a un bon moment déjà, nous sommes allés à l'université et nous y avons fait des apprentissages. Et ce que nous avons appris à cette époque, ce sont des connaissances que nous appliquons aujourd'hui, dans le cadre de nos emplois, et ce, à chaque jour. Que nous soyons responsables de politiques ou de programmes, administrateurs, avocats, infirmiers ou toute autre profession, emploi ou poste au sein du gouvernement du Canada.

Mais, passons à nos invités. À notre première invitée. Je les laisserai se présenter, plutôt que de les présenter moi-même. Puis, après leur présentation, nous discuterons ensemble. Notre première invitée est Suzanne Fortier. Elle est la principale de l'Université McGill, et je crois qu'elle est également la vice-chancelière. Tous les présidents ou principaux d'université semblent également occuper un deuxième emploi qui, je l'espère, vient aussi avec un deuxième chèque de paye. Qu'en est-il, Suzanne?

Suzanne Fortier : Oui, donc j'occupe ce poste, ici à McGill, depuis huit ans. Il s'agit d'un privilège extraordinaire pour moi d'occuper ce poste parce que j'ai étudié à McGill. Alors, j'apporte de bons souvenirs, mais aussi une responsabilité très spéciale, celle de donner aux étudiants d'aujourd'hui ce que j'ai reçu lorsque j'étais étudiante. Je disais tout à l'heure à Taki que j'ai été présidente du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG), et que j'ai donc eu le grand privilège d'assister à de merveilleux déjeuners-conférences organisés par l'École avec divers invités présentés aux fonctionnaires. C'est donc une véritable occasion, une occasion spéciale, pour moi de revenir dans un rôle différent.

Taki Sarantakis : Merci, Suzanne, et bienvenue. Notre deuxième invité est le professeur Deep Saini, président de l'Université Dalhousie, l'une des universités canadiennes, je dirais, les plus appréciées à en juger par mes amis qui y ont étudié et qui, même après quelques décennies, en parlent encore avec beaucoup d'affection. Deep, à vous.

Deep Saini : Merci, Taki, et salutations à tous ceux qui sont à l'écoute. Oui, je suis chanceux d'être le président de Dalhousie. J'occupe ce poste depuis près de deux ans. Ça fera deux ans à la fin de cette année. J'ai donc passé une grande partie de mon temps, en fait presque tout mon temps ici, dans les conditions résultant de la pandémie. J'ai eu la chance de travailler dans plusieurs universités. J'ai commencé dans l'Ouest à l'Université d'Alberta, puis à l'Université de Montréal, à Waterloo, à l'Université de Toronto, puis je suis parti brièvement en Australie pour être président de l'Université de Canberra et je suis revenu ici, il y a environ deux ans.

C'est un privilège de servir cet établissement. Et il est apprécié, surtout en Ontario. Environ 62 % de nos étudiants viennent de l'extérieur de la province de la Nouvelle-Écosse, ce qui en fait une université très canadienne dans l'Est du Canada.

Taki Sarantakis : C'est merveilleux. Et il est évident que vous occupez, tous les deux, vos postes avec passion et dévouement. Nous pourrions commencer par là, par une question un peu plus personnelle, mais qui est liée au côté professionnel. Je pourrais peut-être commencer par vous demander ce que représente l'université pour vous. Je peux vous dire ce qu'elle représente pour moi en tant, en quelque sorte, en tant que fils d'immigrants venus au Canada, alors que mon parent le plus instruit a terminé sa sixième année. Et que mon autre parent a terminé sa deuxième année. Et le fait que j'ai pu aller à l'université a vraiment transformé ma vie. Mais, qu'est-ce que cela signifie? Qu'est-ce que cela signifie pour vous, Suzanne?

Suzanne Fortier : Oh, c'est très semblable pour moi. Je viens d'une famille modeste, et aucun de mes parents n'est allé à l'université. En fait, l'un de mes parents n'a pas dépassé l'école primaire. Et je crois que lorsque je me penche sur le rôle, sur l'incidence des universités, particulièrement dans ce pays, c'est qu'elles sont vraiment des moteurs d'inclusion sociale. Elles le sont. Nous sommes privilégiés au Canada d'avoir des universités ouvertes à tous, peu importe vos origines. Et nous avons la chance d'aller à l'université et d'avoir des possibilités qui nous ouvriront toutes sortes de portes. C'est extraordinaire. C'est quelque chose que je chéris à propos de mon pays et que je chéris à propos de mes universités. Mon objectif ultime est de préserver ce privilège, à savoir être accessible pour les gens, peu importe d'où ils viennent. S'ils ont du talent, s'ils veulent travailler fort, ils sont les bienvenus à McGill.

Taki Sarantakis : J'adore cette formulation : « moteurs d'inclusion sociale ». Deep, que signifie l'université pour vous?

Deep Saini : Eh bien, il semble que nous ayons tous eu des parcours semblables vers l'université. Ce que je veux dire, en fait, c'est que mon parcours a sans doute commencé avant même que je n'aie vu le jour. Mon père a grandi dans des conditions lamentables de pauvreté dans l'Inde rurale et il s'est retrouvé à aller à l'école complètement par accident grâce à la bienveillance d'un professeur qu'il a eu la chance de rencontrer. Et à partir de ce moment, cela a changé le cours de l'histoire de notre famille. J'ai été le premier, non seulement dans ma famille, mais aussi dans tout le clan, à ce que j'en sais, à aller à l'université. Certains de mes frères et sœurs plus âgés et d'autres, des cousins, sont allés dans des collèges, mais personne n'est allé à l'université. Donc, l'université a représenté pour moi une transformation complète.

Je ne serais pas ici si mon père n'avait pas eu la chance de recevoir une certaine éducation qui lui a permis de devenir fonctionnaire, en Inde, au sein de la fonction publique indienne. Et vous savez, je répéterai les mots de mon ancien patron, le chancelier de l'Université de Canberra, qui a été le premier Autochtone à devenir chancelier d'une université australienne. Il disait souvent ceci : « l'éducation est la vaccination pour lutter contre la pauvreté », et c'était tellement bien dit. Je crois au pouvoir transformateur de l'éducation. Et c'est pourquoi je suis à l'université.

Taki Sarantakis : L'éducation est une facette grandement importante de qui nous sommes, en tant qu'être humain. Elle est également très importante pour notre rôle de citoyen dans une économie moderne. Maintenant, si je comprends bien les statistiques, nous sommes soit le pays le plus éduqué du monde en fonction de la population, soit le deuxième. Nous sommes très, très bien placés dans le classement, si nous ne sommes pas les leaders mondiaux de l'éducation. Expliquez-nous un peu comment cela s'est produit selon vous, et en ce qui concerne les politiques publiques, est-ce quelque chose à quoi nous aspirons? Est-ce arrivé par accident? Est-ce quelque chose qui... Comment sommes-nous devenus le pays le plus scolarisé au monde, ce qui pourrait surprendre certains membres de notre public? Je pourrais peut-être commencer par Deep cette fois-ci.

Deep Saini : J'ai pensé que vous alliez dire cela et je craignais que vous le fassiez. Je vais renvoyer la question à Suzanne parce que ses racines au Canada sont plus profondes que les miennes et j'ai quelques idées à ce sujet, mais je préférerais me tourner vers Suzanne et ses connaissances beaucoup plus approfondies du pays.

Taki Sarantakis : À vous, Suzanne.

Suzanne Fortier : Eh bien, je pense à l'une des valeurs fondamentales de notre pays qui est l'égalité des chances. Et ce que cela signifie, c'est que nous avons essentiellement un système public d'éducation supérieure. Les frais sont raisonnables, comparativement à de nombreux autres pays. Nous sommes également très ouverts. Je sais dans certains pays; j'ai fait beaucoup de travail à l'international. Si l'accessibilité est quelque chose qu'ils s'efforcent d'atteindre, il demeure que si vous venez d'une certaine classe sociale et d'une certaine société, il est beaucoup plus facile d'aller à l'université ou dans certaines écoles. Donc, c'est le premier point.

Le deuxième point est un peu plus technique cependant. Au Canada, lorsque nous parlons de l'éducation supérieure, elle comprend les universités et les collèges, et il est important d'avoir les deux types d'établissements. Certains étudiants veulent s'orienter vers un domaine très appliqué et obtenir un emploi dans ce domaine, et ils ont de grandes possibilités offertes par nos collèges. Alors, les deux types d'établissements réunis créent un grand bassin de citoyens très instruits. Dans certains pays, ils n'ont pas l'équivalent de nos collèges, comme ceux que nous avons ici. Et donc, d'une certaine manière, cela fait paraître leurs chiffres plus bas que les nôtres. C'est une partie de la réponse.

Taki Sarantakis : Formidable, et Deep, peut-être que vous voudrez rebondir sur le sujet et nous parlez de votre expérience ou de vos connaissances par rapport à d'autres pays. Que faisons-nous de bien, par exemple? Une partie de la réponse semble concerner les frais de scolarité, mais il doit y avoir plus ici.

Deep Saini: Je crois que les frais de scolarité sont une conséquence du système de valeur au Canada, il ne s'agit pas du facteur premier. Les frais de scolarité sont une conséquence, et ils sont l'un des facteurs qui jouent un rôle. Je suis content que Suzanne ait mentionné la relative uniformité de notre société où l'accès a été, vous savez, très large. Et nous savons et nous voyons aujourd'hui que les segments de notre société – nous sommes une société plus uniforme que bien d'autres, mais nous ne sommes pas entièrement uniformes – donc que certains segments de notre société n'ont pas le même genre d'accès, par exemple, notre population autochtone.

Suzanne Fortier : Hum hum.

Deep Saini : Ici, en Nouvelle-Écosse, notre population afro-néo-écossaise. C'est là que nous voyons les similarités partagées avec d'autres sociétés où nous n'avons pas eu la même pénétration de l'éducation que nous avons pour la population générale du Canada. Alors je crois que c'est la nature de la société. Et ce, depuis très longtemps. Le Canada a été une société moins stratifiée que les sociétés d'où proviennent bon nombre de nos immigrants. Et je crois que cela a joué un rôle dans le résultat que nous observons aujourd'hui à savoir une population très scolarisée au Canada, par rapport à d'autres pays.

Vous savez, j'ai grandi en Inde, et maintenant l'Inde a également accès à l'éducation, mais elle consiste davantage en l'éducation primaire et secondaire. Une fois que vous allez à l'université, le nombre d'universités en Inde ou même de collèges... Les choses changent rapidement là-bas, mais traditionnellement, le nombre de collèges et d'universités au pays était très bas contrairement aux besoins de la population. Cela signifie que la concurrence pour y être admis était intense. Il n'a jamais été très coûteux d'aller à l'université là-bas, à l'exception de quelques domaines. Les soins médicaux, par exemple, sont très coûteux, mais vous savez, la plupart des programmes ne le sont pas. Alors, l'enjeu était l'admission, comme la concurrence était forte, particulièrement pour les bons établissements, ce qui a fait que de nombreuses personnes brillantes ont été laissées de côté et n'ont tout simplement pas eu cette occasion.

Et puis, bien sûr, le faible taux de scolarité perpétuel dans les communautés rurales de l'Inde, qui, vous savez, est également en train de changer. Toutefois, à l'époque où j'ai grandi, 75 % de la population indienne vivait dans des zones rurales où le taux de pénétration de l'éducation était très faible, même au niveau primaire, bien que la scolarisation ait été rendue obligatoire à cette époque. Mais malgré cela, très peu de gens sont allés à l'école, et cela a laissé tout un segment important de la population en dehors même de la contestation.

Taki Sarantakis : J'adore ce que vous venez de dire, Deep, parce que c'est très, très important. Ce que vous avez dit en gros, c'est que le fait que l'éducation soit relativement accessible au Canada est un produit et un produit de nos valeurs.

Suzanne Fortier : Oui, oui.

Taki Sarantakis : Et notre valeur numéro un est de nous efforcer à être inclusifs. Et je pense que vous avez également soulevé un autre point très important, à savoir que même si nous sommes parmi les meilleurs au monde, nous ne sommes pas encore tout à fait là où nous voulons être en tant que produit. Il y a certaines sous-sections de la société canadienne qui continue d'avoir les mêmes problèmes en ce qui concerne les universités ou l'accès qu'elles ont dans d'autres sphères de la société canadienne, et nous devons y travailler plus fort, notamment au sein de la fonction publique qui n'est pas aussi représentative qu'elle devrait l'être.

Maintenant, j'aimerais que nous parlions davantage de la notion d'éducation. Deep a dit un peu plus tôt que l'éducation est une sorte de vaccin. Et j'aime cette idée. Mais l'éducation est en train de se transformer un peu. Je pense au fait que comme nous sommes tous allés à l'université, et nous avons eu la chance d'y aller. Et lorsque j'étais à l'université, j'ai fait un baccalauréat d'une durée de quatre ans et je n'ai pas beaucoup dormi pendant ces quatre années. Je me souviens d'être constamment épuisé. Puis j'ai fait un an pour ma maîtrise, qui a commencé immédiatement après mon baccalauréat, qui, en passant, était beaucoup plus facile que ma quatrième année au bac, mais peu importe. Puis, j'ai poursuivi encore quatre ans et j'ai presque terminé un doctorat. Cela représente neuf années de ma vie, et nous commençons à vivre dans une société qui, vous savez, n'a plus une capacité d'attention de quatre ans. Je lis souvent que l'être humain moyen a, je crois que c'est une durée d'attention qui se réduit maintenant à huit ou neuf secondes. Si vous n'accrochez pas quelqu'un dans les huit ou neuf premières secondes, vous l'avez perdu. Ils sont en quelque sorte partis. Comment cela commence-t-il à affecter la notion d'éducation? Parce qu'il me semble que certaines personnes, lorsque j'allais à l'université, étaient bien plus enclines à entrer dans un amphithéâtre et à s'y asseoir pendant une heure, voire dans certains cas, trois heures, pour être attentives et prendre des notes. Mais comme vous le savez, notre société s'est radicalement transformée depuis.

Par exemple, je ne peux pas m'imaginer être professeur aujourd'hui et regarder un groupe de personnes où chacune d'elles a son téléphone portable et envoie des messages texte ou lit sur son appareil. Je ne peux simplement pas me l'imaginer. Qui veut se lancer à propos de cette notion, à propos de la façon dont, peut-être la technologie, peut-être la société, peut-être la durée d'attention, comment cela commence à remettre en question, en quelque sorte, les modes traditionnels d'éducation?

Suzanne Fortier : Oui, je peux commencer comme j'assiste à de nombreux cours à McGill et que j'ai assisté à de nombreux cours en personne et également en mode virtuel, en raison de la pandémie. Et j'observe de nombreux changements. Je partage en fait les mêmes inquiétudes que vous. J'ai pensé « Comment les étudiants resteront-ils assis là? », en raison de la diminution de la capacité d'être attentif, particulièrement si le sujet n'est pas tellement intéressant.

Mais ce que j'ai constaté, c'est que les cours sont beaucoup plus interactifs. Vous avez mentionné, par exemple, le fait de regarder votre ordinateur portable ou votre tablette ou autre, les professeurs leur demandent de le faire, ils font en quelque sorte l'apprentissage ensemble dans la classe et ils leur demandent d'effectuer des recherches et ainsi de suite. L'environnement d'apprentissage est beaucoup plus interactif maintenant. Et bien sûr, pendant la pandémie, il y a les séances en petits groupes où vous devez vraiment participer, et c'est quelque chose que j'ai réalisé, vous ne pouvez plus vous asseoir au fond de la classe, désolée. Parce que vous êtes amené à apprendre et à participer. Mais l'une des choses que je dois mentionner, c'est qu'il y a énormément d'apprentissages qui se font en dehors de la salle de classe.

C'est aussi la vie sur le campus qui rassemble les gens et les amène à participer à toutes sortes de projets, à l'innovation sociale et à l'esprit d'entrepreneuriat, à des discussions sur l'éthique, à toutes sortes de choses qui se passent dans la vie sur le campus qui est très interactive. Tout le monde peut y trouver sa place et participer pleinement à la vie universitaire. Donc, c'est ce que j'ai remarqué.

Taki Sarantakis : Oui, et c'est un autre excellent point parce que je crois que nous nous rappelons tous que, d'une certaine manière, nous avons appris plus en dehors de la classe que nous l'avons fait dans la classe, en matière d'argumentation par exemple, après les cours ou en essayant de mettre au point la finalité d'un argument. Poursuivre des discussions à la cafétéria, j'ignore même si vous avez encore des cafétérias. Vous avez probablement des cafés Starbucks et des trucs comme ceux-là. Mais la chose que j'ai vraiment apprise à l'université et qui m'accompagne encore aujourd'hui ce n'est pas vraiment, vous savez, les faits ni les arguments. Il y a deux choses qui, je pense, vous accompagnent toute votre vie. L'une d'elles est la capacité à communiquer, comme le fait de se lever et de faire des présentations encore et encore, de rédiger des travaux de trimestre, de devoir présenter une sorte d'introduction, des arguments, une conclusion, un résumé. Donc, vos compétences en communication sont de ces compétences importantes et durables, du type « vaccin » dont Deep parlait au début.

La deuxième chose qui vous accompagne est – c'était la première fois de ma vie que j'apprenais à jongler avec les priorités, et vous savez, savoir ce que j'allais faire la semaine où j'avais quatre examens et deux remises de travail. Comment allais-je m'organiser avec tout ça? En fait, cela a été la première fois où j'ai appris comment établir des priorités et comment m'y prendre, et personne ne me disait ; « Eh bien, tu commences par étudier ceci, et cela d'abord, puis tu travailles un peu sur tel devoir. » Et c'est là que je me suis vraiment concentré, c'est là que j'ai appris à acquérir ces compétences. Deep, parlez-nous des défis que représente l'enseignement aux étudiants de premier ou deuxième cycle en 2021, en ce qui concerne la technologie, la durée d'attention, les travailleurs de plateformes ou ceux à temps partiel, etc.

Deep Saini: Eh bien, vous savez, c'est intéressant, quand je regarde en arrière, il y a des choses qui ont changé et d'autres qui n'ont pas changé du tout. Ce que vous disiez à propos de la formation de la personne dans son ensemble, en dehors de la salle de classe. Cela n'a pas changé. C'est simplement que les outils sont légèrement différents, mais les faits n'ont pas changé. Et ce que je veux dire, je regarde mon propre parcours scolaire. J'ai commencé à étudier à l'université en 1972 et j'étais, vous savez, un étudiant curieux, mais j'étais aussi un étudiant-athlète. J'étais également très actif dans d'autres activités extrascolaires et, mes étudiants l'ignorent aujourd'hui, j'étais aussi un dirigeant du syndicat étudiant. Et donc, vous savez, je jonglais avec toutes ces balles et je regarde ma vie, aujourd'hui. À l'époque, je ne voyais pas comment continuer. Je ne pense pas que j'avais prévu de faire ça. Mais lorsque je regarde dans le rétroviseur, je constate que ce que je suis aujourd'hui n'est le résultat que de la moitié de mon expérience en classe. Mais au moins la moitié de ce que je suis, sans doute plus, est en fait façonné par les expériences vécues en dehors de la salle de classe et dans d'autres domaines. Alors cet aspect de l'université n'a pas changé. En ce qui concerne la nature de l'enseignement, il y a un changement fondamental que j'ai vu se produire, et j'ai enseigné dans des universités pendant très longtemps, et j'enseigne toujours. Je me présente encore devant une classe, de temps à autre.

Il y a encore 20 ans, la salle de classe était un lieu où un professeur arrivait comme une fontaine de connaissances et où les étudiants s'assoyaient autour de cette fontaine et s'y abreuvaient. Ce n'est plus le cas. Les étudiants ont accès à de nombreuses sources avant de se présenter en salle de classe et ils s'y assoient, s'abreuvant à d'autres sources, alors qu'en tant que professeur, vous enseignez et vous transmettez votre savoir. C'est quelque chose qui a fondamentalement changé. Et vous savez, je me souviens de l'époque où je me fâchais lorsque deux étudiants se parlaient pendant mon cours, il y a 30 ans. Aujourd'hui, le fait que les étudiants échangent constamment est devenu la norme.

Le rôle du professeur dans la salle de classe est donc devenu celui d'un intégrateur, comme un filtre, qui donne du sens à cette quantité massive et exaspérante d'informations que les étudiants apportent. Et souvent, ces informations sont plutôt imparfaites. Il s'agit donc de donner un sens à tout cela dans le cadre de l'interaction avec les étudiants afin qu'ils prennent la bonne direction, plutôt que de s'accrocher aux mauvaises choses et d'être victimes de toutes ces informations erronées qui circulent dans le cyberespace. Ceci est, je crois, un changement fondamental dans la façon dont nous enseignons et apprenons.

Taki Sarantakis : Exactement parce que le savoir, dans le sens de faits et d'informations, est plus accessible que jamais. Et comme vous l'avez dit, Deep, nous avons accès à une abondance de faits et de connaissances de toutes sortes sur pratiquement tous les sujets sur nos téléphones. La chose réellement essentielle est d'apprendre comment interagir avec ces connaissances, d'apprendre comment, vous l'avez dit, filtrer les choses qui sont importantes de celles qui ne sont que du bruit et d'apprendre comment intégrer différentes choses dans votre esprit.

C'est en quelque sorte le dernier point que je souhaite aborder ou un dernier point concernant le cycle de vie de l'éducation, puis nous passerons peut-être à l'étape suivante qui ne concerne pas tant la consommation de connaissances que la création de connaissances, qui est un autre rôle très, très important que jouent nos universités. Encore une fois, lorsque j'allais à l'école, la vie d'étudiant était assez simple. Vous alliez à l'école, vous aviez peut-être un emploi à temps partiel. Vous travailliez tout l'été. L'étudiant riche et marginal prenait une année sabbatique en Europe ou quelque chose du genre. Mais la plupart des étudiants, eh bien, ils se lançaient et puis, trois ans plus tard, ils avaient terminé. Ils terminaient après trois, quatre ou cinq ans, selon le cas. Les choses sont un peu différentes aujourd'hui. Les étudiants, de ce que j'en comprends, vont à l'école, ont un emploi, prennent des pauses. Ils suivent trois cours pour ce trimestre. Ils suivent cinq cours le trimestre suivant, puis font un stage quelque part. Ils font un stage en alternance travail-études ailleurs. S'agit-il davantage du modèle aujourd'hui que celui dont se souviennent beaucoup de fonctionnaires qui regardent ce parcours maintenant?

Deep Saini : Euh.

Suzanne Fortier : Oh.

Deep Saini : Suzanne, pardon, je crois que vous alliez parler.

Suzanne Fortier : Non, non, j'allais dire : « Deep, je vous laisse commencer pour cette question. » J'ai commencé sur quelques questions.

Deep Saini : Oui, je crois que pour un baccalauréat, ce modèle persiste encore. Et vous savez, j'aimerais en fait voir plus de ce type de mobilité que celle que nous avons. En fait, vous savez, la transition s'est faite dans une certaine mesure, mais j'aimerais voir davantage cette mobilité parce que je crois qu'elle fait partie de l'éducation. Il ne s'agit pas d'une interruption de l'éducation, mais elle en fait partie. Vous savez, je viens tout juste de passer trois ans et demi en Australie et les Australiens sont en fait les maîtres en la matière. Vous savez, il y a quelque chose comme 30 % des étudiants australiens qui prennent une année sabbatique et qui vont à l'étranger et qui apprennent, puis qui rentrent chez eux. Je crois qu'ils reviennent plus conscients du monde. C'est sans doute leur situation géographique qui a inspiré cette habitude dans leur culture, comme l'Australie est une île – une île immense, mais tout de même une île – loin du reste du monde, et ils ont soif de créer des liens avec le reste du monde. Et ils le font très bien.

Nous avons ici, vous savez, nous sommes... c'est environ un dixième de cela, le nombre d'étudiants qui vont ailleurs pour faire une partie de leurs études ou faire une pause et voyager. Alors, je crois qu'il s'agit d'une tendance admirable. Mais ce qui a également changé, c'est que les étudiants ne se contentent plus de prendre une année sabbatique et de passer du temps, vous savez, ailleurs. Ils reviennent à l'université plusieurs fois au cours de leur carrière, après avoir obtenu leur diplôme. Et je pense que c'est une chose à laquelle les universités doivent se préparer. Ici à Dalhousie, nous sommes en train d'intégrer cette réalité dans notre prochain plan stratégique, où nous devons établir une relation à vie avec toute personne qui vient à Dalhousie. Et je n'ai aucun doute que toutes les autres universités au pays y pensent aussi. Je sais qu'au moins les présidents avec lesquels je parle fréquemment sont tous pleinement conscients de cette nouvelle tendance qui se dessine et qui est imposée par le changement très rapide qui se produit dans la nature des emplois, la nature du travail. Et cela continuera de se produire.

Taki Sarantakis : Suzanne.

Suzanne Fortier : Oui. L'une des choses que nous observons, c'est que, bien sûr, nous avons divers groupes d'apprenants. Donc, il ne s'agit pas d'un groupe homogène où un étudiant est représentatif de tous les autres. Nous avons des étudiants qui ont vraiment la possibilité de profiter de cette période spéciale, quatre ans sur un campus, à un moment de leur vie consacré à l'apprentissage dans la salle de classe et en dehors. Il y a de nombreuses autres possibilités, bien sûr, parce qu'ils ont des possibilités d'étudier à l'étranger, de participer à des projets d'entrepreneuriat et à des projets communautaires. Je décris donc nos universités et nos étudiants comme étant ouverts, connectés et déterminés. C'est incroyable, en fait.

Lorsque vous parlez à nos étudiants actuellement dans nos universités, les mots qui reviennent pratiquement toujours sont « une vie qui a un sens ». Ils ne pensent pas seulement : « D'accord, je trouverai un emploi et un emploi bien payé, j'espère. » Ils pensent plutôt au but de leur vie. Et encore une fois, ici, je veux dire, j'ai mentionné que nous avons de la chance parce que nous avons un grand soutien public et mon université, nous avons beaucoup de soutien privé. Les diplômés sont très généreux parce que nous les avons aidés à se rendre là où ils sont. Bon nombre de nos grands donateurs et de nos amis le sont parce qu'ils sont venus à notre université en ayant besoin de l'aide des autres, et ils l'ont trouvée. Mais bien sûr, ce que nous constatons, c'est qu'un très important groupe d'apprenants se compose de personnes qui travaillent et qui doivent se perfectionner et se recycler, nous entendons ces mots constamment.

La nature du travail se transforme. Je fais partie du Forum économique mondial, et nous savons que tous les cinq ans, vous avez besoin d'une mise à jour, d'un rappel sur toutes sortes de choses pour rester bien au fait sur ce que vous faites. Et je vais vous dire un mot que j'ai entendu de la part de ma doyenne des études permanentes. Bien sûr, nous parlons de l'apprentissage tout au long de la vie. Elle parle de l'apprentissage tout au long de la vie parce que nous savons également que la plupart des gens qui ont, disons, 20 ans sont grandement susceptibles de vivre jusqu'à au moins 100 ans, et auront très probablement une période de travail plus longue que les générations précédentes. Ils ne travailleront pas seulement jusqu'à leurs 65 ans, ils travailleront pour une période plus longue et devront probablement se réorienter. Alors, il s'agit d'un apprentissage tout au long de la vie, et je crois que nous en sommes témoins maintenant. Et ce que nous avons appris, ce sont les façons d'offrir cet apprentissage à des personnes qui ont d'autres éléments dans leur vie, des responsabilités familiales, une carrière et ainsi de suite, mais qui veulent aussi faire progresser leur contribution à leur lieu de travail ou au monde.

Taki Sarantakis : Absolument. Et c'est quelque chose que nous essayons vraiment, vraiment, de faire comprendre à la fonction publique du Canada par le biais de notre petit établissement, où le cycle de vie, vous savez, vous naissez, vous allez à l'école, vous avez un emploi, une pension et puis vous mourez. C'est fini. Apprendre n'est pas quelque chose, vous savez, que l'on arrête quand on a 22 ou 23 ans.

Suzanne Fortier : C'est exact.

Taki Sarantakis : Vous devez continuer d'apprendre, constamment. Et vous savez, si vous arrêtez d'apprendre à 22 ou à 23 ans, ou après avoir reçu un ou deux bouts de papier, vous vous rendez non seulement un mauvais service à vous-même, vous rendez un mauvais service au Canada et à la fonction publique parce que vous devez constamment continuer à absorber de nouvelles compétences, à intégrer de nouvelles connaissances, parce que le monde n'est pas immobile. Le monde change. Et si vous restez immobile dans un monde en changement et que vous avez des responsabilités, ces responsabilités ne seront pas assumées de manière satisfaisante. Passons maintenant de la manière dont nous apprenons à ce que nous apprenons.

Un autre grand rôle des universités est celui de créatrices de savoirs. Elles effectuent des recherches, des recherches dans les lettres et les sciences humaines, les sciences sociales et dans les sciences exactes, les sciences physiques. Et c'est vraiment là que le gouvernement fédéral intervient de plus en plus. C'est vraiment ce à quoi le gouvernement fédéral s'est intéressé par rapport aux universités pendant la majeure partie de notre période, en tant que pays. Nous savons que l'éducation est une compétence provinciale. Ainsi, les universités relèvent majoritairement des provinces, mais le gouvernement fédéral y tient un rôle qui n'a pas été joué au fil des ans. En ce qui concerne la recherche, je demanderais peut-être à chacun d'entre vous de décrire quel a été le rôle du gouvernement fédéral ou, vous savez, s'il a augmenté ou diminué, ou quelle a été votre perception du rôle du gouvernement fédéral dans les universités canadiennes. Suzanne, voulez-vous commencer?

Suzanne Fortier : Oui. Eh bien, j'étais en plein dans ce rôle il n'y a pas si longtemps. Il s'agit bien sûr de soutenir et de promouvoir la recherche et l'innovation et d'être un catalyseur. Et pour la formation, c'était très important au Canada, car il ne s'agit pas seulement de soutenir les programmes de recherche, mais aussi de fournir un soutien afin que nous puissions former des chercheurs. Un pourcentage très important des fonds alloués par le gouvernement du Canada à la recherche est consacré à la formation des étudiants. C'est donc un rôle très, très important. On discute toujours de la part qui devrait être consacrée à la recherche fondamentale, par opposition à la recherche appliquée, à l'innovation et à la commercialisation. Nous avons toujours ces débats, et j'ignore si nous parviendrons un jour à un consensus à ce sujet. Mais là où nous sommes d'accord, c'est qu'il s'agit d'un éventail d'activités. Toutes sont importantes. Et je crois que le défi auquel nous faisons tous face, pas seulement au Canada, mais partout ailleurs, est de les relier.

Les gens parlent d'un écosystème. Je dirais que nous avons de solides éléments de cet écosystème au Canada. Je dirais que nous pourrions améliorer ce qui concerne les relations. Mais les éléments solides sont là en ce qui concerne les talents, la découverte, la recherche et l'innovation. Nous avons de nombreux éléments solides et, je crois que c'est là que le gouvernement fédéral a concentré ses efforts, dans la découverte de talent et l'innovation.

Taki Sarantakis : Deep

Deep Saini : Oui. Je crois, Suzanne, que vous avez une expérience tellement riche, disons, à l'épicentre de tout cela, vous savez, comme lorsque vous étiez présidente du CRSNG, par exemple, et vous avez bien répondu. J'ajouterai simplement que cet équilibre, vous savez, entre ce que l'on appelle souvent la recherche fondamentale et la recherche appliquée, ou les questions de recherche de découverte et la recherche axée sur la mission, etc. Il y a de nombreux termes pour nommer ces deux activités. Je pense que c'est très artificiel. Je veux dire, je ne me souviens plus de l'auteur, mais quelqu'un d'assez célèbre a dit qu'il n'y a pas de recherche fondamentale, seulement des recherches qui n'ont pas encore été appliquées.

[Suzanne rit.]

Et c'est si vrai. Je veux dire, prenons des exemples. Vous savez, la découverte du code génétique par exemple, il s'agissait d'une découverte fondamentale dans tous les sens de cette expression. Mais imaginez les applications qui ont découlé de cette découverte depuis les années 60 lorsque la structure de l'ADN a été déchiffrée pour la première fois ou lorsque le code génétique a été déchiffré pour la première fois. Donc, il s'agit d'une découverte fondamentale qui a mené à des transformations dans de nombreux domaines, de la médecine à l'agriculture et partout ailleurs.

Prenez l'exemple de l'électromagnétisme, vous savez, une découverte fondamentale dont la valeur des entreprises basée sur cette seule découverte se chiffre aujourd'hui en billions de dollars dans le monde. Je crois donc que cette division est très artificielle, mais l'équilibre est important. Il est important que nous accordions un espace à la recherche qui est purement motivée par la quête de connaissances et à la recherche qui conduit ensuite à changer le monde, pour ainsi dire, vous savez, de manière très, très importante. Ce qui conduit à son tour à un déplacement des frontières de la connaissance et des applications qui améliorent la vie des êtres humains à travers le monde.

Taki Sarantakis : Deep, vous avez parlé d'une sorte de division. Vous avez abordé le caractère artificiel de la division. Et c'est fréquent dans d'autres domaines de la vie. Et l'une des choses qui semblent être le cas au Canada par rapport à d'autres pays, comme les États-Unis peut-être, certains pays européens peut-être, c'est qu'il semble y avoir une certaine division entre le gouvernement et l'université. Suzanne, vous avez cette expérience intéressante où vous avez, en quelque sorte, vécu les deux côtés de la médaille et où vous avez occupé des postes de direction dans les deux milieux. Mais c'est plutôt rare, non? Dans les films, au moins, on voit des gens passer de Harvard à l'administration, puis retourner dans un groupe de réflexion. Et puis en Allemagne, c'est la même chose, les universités sont plus proches du gouvernement, ou plus liées institutionnellement au gouvernement. Est-ce exact ou est-ce seulement la mythologie hollywoodienne que j'ai en tête?

Suzanne Fortier : Je crois que c'est Hollywood, franchement, parce que si vous vous penchez, par exemple, sur nos principaux organismes de recherche au Canada, ils sont tous dirigés par des personnes provenant du milieu universitaire et sont des professeurs. Et je suis certaine qu'après avoir terminé cet emploi, ils y retourneront. Je crois donc que le modèle au Canada est très semblable, en fait, à ce que nous avons vu dans d'autres pays, ailleurs dans le monde. Ce sont principalement des universitaires ou des chercheurs eux-mêmes qui se présentent et dirigent notre organisme de recherche au Canada. Mais vous savez, et c'est intéressant, le tout premier président du CRSNG, en 1978, venait de la fonction publique et il était un très, très bon président et la personne toute désignée pour lancer ce nouvel organisme. Je crois que nous devons également nous souvenir de cela. Mais après, ils venaient tous du milieu universitaire.

Taki Sarantakis : Deep, qu'en pensez-vous? Les liens entre les gouvernements et les universités sont-ils aussi forts au Canada que ce qu'ils pourraient ou devraient l'être, peut-être? Et par rapport à d'autres pays que vous avez vus, comme l'Australie, par exemple?

Deep Saini : Je crois que ce n'est pas si différent des autres pays, du moins pas des autres pays occidentaux, mais là où ce genre d'exemples s'est produit, disons, l'industrie et l'université, vous savez, ces frontières sont en train de s'estomper, cela a souvent conduit à des résultats magiques. Vous savez? L'une de mes anciennes universités, l'Université de Waterloo en est un exemple au pays. Vous savez, Suzanne, comme vous l'avez dit à propos du président de la CRSNG, le premier président de l'Université de Waterloo était un industriel du Michigan, Gerry Hagey. Cela a eu une incidence transformatrice sur le cours de cette université, vous savez, dans son évolution future. Prenons l'exemple de la mise en place des stages en alternance travail-études, Waterloo est devenue l'université ayant la plus grande offre en alternance travail-études au monde en raison des liens industriels qu'elle avait, dès ses débuts. Je n'irai pas dans les détails de cette genèse, mais cela a été magique.

Taki Sarantakis : Mais, allons-y, explorons-la. Oui, explorons-la. Donc, si la relation entre le gouvernement et le milieu universitaire est à peu près la même que dans le reste du monde, examinons le point suivant que vous venez de soulever, Deep, à savoir les liens entre le commerce ou les entreprises canadiennes et les universités. Est-ce une relation typique ou atypique?

Deep Saini : Eh bien, encore une fois, je ne crois pas qu'elle est atypique ici. J'ai vu un peu plus d'exemples d'universités australiennes accueillant d'anciens fonctionnaires ou autres au sein du corps professoral. Il y a davantage de flexibilité pour cela. Et d'accueillir, par exemple, quand j'étais à l'Université de Canberra, la personne responsable de notre institut de la sécurité était l'ancien chef des Forces armées australiennes. Et vous savez, qui de mieux pour occuper ce poste que quelqu'un qui a été dans les tranchées? Il est un vétéran de plusieurs guerres, un soldat érudit, un éditeur et un écrivain prolifique, etc.

Et il y a eu d'autres exemples, vous savez, des journalistes de premier plan qui prenaient leur retraite après avoir travaillé pour un journal ou ailleurs pour la Australian Broadcasting Corporation, et qui venaient à l'université pour occuper un poste. Et donc, ce sont ces sortes de postes de professeurs professionnels qui ont été créés et d'autres universités avaient des postes semblables. Je pense que les Australiens le font davantage, mais c'est en grande partie après la retraite ou comme seconde carrière plutôt que pendant qu'ils occupent ces postes.

Je crois qu'il y a une possibilité incroyable et très excitante qui s'est ouverte à nous à travers les expériences, pendant cette pandémie. Nous avons appris aujourd'hui que, vous savez, je peux donner un cours ici à Halifax, et que des étudiants provenant de 120 pays peuvent s'y connecter. Qu'est-ce qui nous empêche d'avoir des professeurs qui consacrent une partie de leur temps à Johannesburg, à Berlin ou à Sydney, en Australie ou ailleurs, et qui font partie de notre faculté, mais à temps partiel, mais qui sont des universitaires de haut niveau, et ensuite, vous étendez cela à la fonction publique. Vous savez, le savoir-faire de la fonction publique qui existe, pourquoi ne pas avoir des gens qui l'enseignent dans notre faculté? Et je crois que c'est particulièrement vrai pour l'enseignement, mais également pour la recherche où on le fait déjà un peu de toute façon, parce qu'il se trouve que nous comprenons que nous avons des collaborations au-delà des frontières.

Alors, pourquoi ne pas confier la tâche à un fonctionnaire? Ou pouvez-vous imaginer Barack Obama enseignant la gouvernance dans une université, non? Ou Lee Iacocca, vous savez, enseigner la gestion organisationnelle ou l'innovation? Je crois que ces possibilités ont juste... elles ont toujours été là, mais nous ne le savions pas encore comme nous l'avons appris pendant la pandémie. Et je pense que les universités tendront la main. Et je crois que nous nous pencherons sur des modèles différents pour fournir, créer et diffuser des connaissances à l'avenir.

Taki Sarantakis : Oui, alors Suzanne, Deep a en quelque sorte soulevé ou ouvert la porte à l'avenir des universités ou peut-être aux possibilités amenées par la COVID-19. Si cela vous convient, j'aimerais remettre ce sujet, sans doute plus vers la fin de la séance, parce que ce sera une bonne façon de conclure.

Suzanne Fortier : Oui. Mais, puis-je dire, Taki, puis-je dire quelques mots à propos de ce que Deep a dit? Parce qu'il y a quelque chose que j'ai découvert lorsque je suis revenue à McGill, il s'agit d'un groupe incroyable de professeurs praticiens.

Taki Sarantakis : Hum hum.

Suzanne Fortier : Ils ne sont pas issus du milieu universitaire traditionnel. Ils proviennent de la pratique, des individus très accomplis qui enseignent dans notre école de commerce, notre faculté de gestion, notre école de politique publique. Beaucoup de gens formidables viennent enseigner ici. Et bien sûr, dans tous les domaines, nous avons des professeurs praticiens. Ils font profiter nos étudiants de leur carrière sur le terrain et de leur grande expérience. Les étudiants adorent cela.

Taki Sarantakis : Alors, Suzanne, revenons un peu sur... non pas sur l'intégration, mais sur la relation entre les entreprises et le secteur public au Canada. Nous avons cette image en tête, certains d'entre nous, à propos de Stanford et du MIT, et du Cal Tech et de tous ces endroits où, vous savez, Google est pratiquement sur le campus et Facebook est sur le campus – et que leur relation est comme ça.

[Taki croise les doigts.]

Est-ce que cela relève davantage de la mythologie? Est-ce que les domaines des affaires, du commerce et de la recherche ont plus de liens avec les universités américaines contrairement à ceux que nous avons au Canada?

Suzanne Fortier : Eh bien, je pense que pour commencer, il faut dire qu'il y a beaucoup, beaucoup plus de grandes entreprises et aussi des entreprises en démarrage et des entreprises de toutes tailles aux États-Unis. Alors, ces universités absolument géniales comme Stanford et le MIT vont attirer ces gens. En fait, si vous allez au MIT, autour du MIT, il y a toutes ces entreprises en démarrage ou ces grandes entreprises que vous voyons. Les investisseurs en capital-risque circulent tous à l'intérieur et à l'extérieur du campus, afin d'entrer en contact avec les personnes présentes, les étudiants en particulier, parce qu'ils sont prêts à entrer dans une période très dynamique de leur vie et à lancer quelque chose.

Nous constatons donc que, bien sûr, cela peut être à une échelle moindre au Canada, simplement parce que nous avons moins d'entreprises ici, mais il y a aussi beaucoup d'activités au pays. Je sais qu'à Montréal, les entreprises aérospatiales se sont branchées sur les universités. En fait, cela a toujours été un modèle de collaboration et cela s'est produit il y a de nombreuses années. Alors, cela se produit ici. L'une des choses que je regrette par rapport à ce que nous manquons, et ce que je pense que nous manquons. Puis-je le mentionner? Vous savez, nous avons un bon écosystème, mais les liens ne sont pas aussi bons qu'ils le devraient.

Taki Sarantakis : Oui, et c'est...

Suzanne Fortier : Dans mon université, j'aime avoir au moins une douzaine de personnes sur le terrain, circulant entre nos laboratoires, nos sites de recherche dans les domaines des lettres, des sciences humaines et sociales, afin de savoir ce que font les gens et nous assurer que nous entamons ces excellentes collaborations avec les entreprises en démarrage, avec les entreprises. Et quand je dis « relation », je veux dire relation. Et pas « Eh bien, nous vous visiterons une fois par an pour voir ce qui pourrait vous intéresser. » Chaque année, chaque mois, le fait d'être branché crée une véritable innovation, un lieu de rencontre, une agora de l'innovation d'où viennent les gens. C'est ce que nous voyons autour du MIT, et nous n'avons pas suffisamment de gens, je ne sais pas si Deep a la possibilité d'en avoir plus. Mais je sais qu'à McGill, c'est ce qui nous manque, avoir ces gens directement sur le terrain et réunir des personnes formidables qui sont du côté de l'innovation, des entreprises et nos chercheurs dans cette agora de l'innovation.

Taki Sarantakis : Vous êtes allé exactement là où je voulais, c'est-à-dire les façons dont nous commençons à créer cette magie de l'écosystème où se trouvent les gouvernements et les universités et les entreprises et les étudiants et les petites entreprises. Et les façons dont nous pouvons obtenir cette magie que nous avons et dans certains des corridors, et vous avez mentionné certains d'entre eux. Nous avons l'un des meilleurs types de corridors, de Montréal, vous savez, à Windsor. Si vous pensez à une direction, si vous pensez à une autre, de Toronto à Waterloo, et dans une autre direction encore, de Montréal à l'Alberta. Et puis il y a toutes ces choses qui viennent de Dal dans ces coins. Comment pouvons-nous, comment commençons-nous à étendre cette magie? Comment faire pour qu'elle aille au-delà, disons, de l'intelligence artificielle et peut-être de l'aérospatiale? Comment faisons-nous, comment pouvons-nous mettre, comment pouvons-nous obtenir l'ingrédient magique pour nous faire travailler tous ensemble? Deep?

Deep Saini : Oui, excellent, excellente direction à emprunter. Je crois ce que c'est là que nous devons vraiment nous concentrer. Donc, je crois que nous devons avoir connaissance de deux choses ici. La première, c'est que, vous savez, chacun d'entre nous, les établissements, pas simplement le pays, les établissements aussi, nous avons un contexte dans lequel nous évoluons. Il s'agit de notre écosystème. Et l'écosystème de Standford ou du MIT est différent de celui de McGill ou de Dalhousie, ou encore de celui de l'UBC ou de Waterloo. Même entre nous. Je veux dire, l'écosystème de McGill est différent de mon écosystème ici, à Halifax. Donc, la première chose sur laquelle il faut vous concentrer c'est d'accepter le contexte dans lequel vous travaillez ainsi que les façons dont vous pouvez tirer le meilleur parti de ce contexte. C'est pourquoi, vous savez, ici, par exemple, nous avons bâti quelque chose d'avant-garde dans le domaine océanographique. Il s'agit de notre écosystème, non? Nous sommes parmi les chefs de file mondiaux dans le domaine de la recherche et du développement océanographiques, et un grand nombre d'entreprises sont reliées à Dalhousie par l'intermédiaire de l'Ocean Frontiers Institute, du Creative Destruction Lab Atlantic, etc. C'est le premier point.

Mais il y a également, vous savez, le fait que les frontières nationales ne sont plus ce qu'elles étaient. Nous pouvons franchir ces frontières, mais si vous avez les bonnes personnes qui sont prêtes à traverser ces frontières, cela peut arriver. Dalhousie et Tesla en sont un exemple. Dalhousie est la seule université au monde avec laquelle Tesla collabore. Et il ne s'agit pas d'une collaboration mineure. L'entreprise a investi littéralement des dizaines de millions de dollars dans des travaux réalisés ici. Et, vous savez, la technologie produite ici à Dalhousie alimente la révolution entourant les batteries au lithium-ion dans le monde entier. Et pas seulement nous, d'autres intervenants y prennent part. Mais en fait, nous avons été, nous sommes une partie très importante de cet écosystème mondial. Et cela a conduit Tesla à investir dans la production ici, dans nos entreprises dérivées, en travaillant avec les entreprises dérivées qui collaborent avec Dalhousie et ainsi de suite. C'est le deuxième point.

Et la deuxième partie de ce point, c'est que, pendant que nous y travaillons, nous avons la responsabilité de modifier progressivement notre propre écosystème. Donc, c'est comme une goutte de, vous savez, un cristal de teinture tombant et – désolé – un cristal de teinture qui tombe dans un verre d'eau. Le cristal se transforme, tout comme l'eau, et ce processus de transformation, je crois que les universités peuvent en être le catalyseur en collaborant avec l'industrie. Et je crois qu'au fil du temps, nous pouvons transformer l'écosystème dans ce pays. Et nous, vous savez, à cause de cela, la transformation est lente. Vous ne la remarquez pas, elle ne survient pas du jour au lendemain. Mais depuis mon arrivée au Canada jusqu'à aujourd'hui, il y a une énorme différence. Une importante évolution est survenue.

Taki Sarantakis : Oui. J'aime beaucoup ce conseil et cette, cette sorte d'exhortation à choisir votre écosystème parce que choisir, juste reproduire, vous savez, ce qu'ils font à Waterloo ou ce qu'ils font à Toronto ou ce qu'ils font à UBC, si cela n'a pas de sens pour votre écosystème, cela ne rimera à rien. Ce ne sera pas productif. Ce ne sera qu'une sorte de réplique ratée. Puis vous regardez en arrière et vous vous dites : « Pourquoi cela n'a-t-il pas fonctionné ici? Cela a fonctionné à Vancouver. Cela n'a pas fonctionné ici. » Mais il me semble que cela touche à un point très anti-canadien, à savoir qu'il faut dire : « D'accord, vous serez vraiment un chef de file mondial dans telle chose, et vous serez vraiment un chef de file mondial dans telle chose. Et vous serez le chef de file canadien dans telle autre chose, et vous serez le chef de file canadien dans cette quatrième chose. » Et c'est une chose difficile pour les Canadiens de dire, vous savez : « Nous ne distribuerons pas l'argent de manière égale. Vous n'aurez pas tous, je ne sais pas, choisissez le domaine : les accélérateurs en IA, les accélérateurs en océanographie, les accélérateurs en robotique ou peu importe le domaine. »

Est-ce que ce sont les universités qui doivent en quelque sorte se réunir et dire : « Bon, les gars, vous savez, nous allons être les meilleurs X du monde. Nous serons les meilleurs. Nous aspirerons à être le meilleur Y au monde. Nous aspirerons à être le meilleur Z au monde. »? Ensuite, nous nous adresserons collectivement au gouvernement du Canada et lui dirons : « Vous savez, je ne vous dérangerai plus jamais, Université X, sur les océans, parce que c'est, en quelque sorte, le domaine de Dalhousie. » et « Je ne vous dérangerai plus à propos de telle autre chose, parce que, vous savez, c'est le domaine de telle autre université. » Peut-être que nous pourrions donner des détails et que je vous inviterais à le faire, Suzanne, parce qu'il y a un peu de politique ici, non? Et je ne veux pas parler de la politique, mais de l'empiétement de la politique sur les politiques.

Suzanne Fortier : Nous ne sommes peut-être pas aussi éloignés que vous le pensez. Un programme appelé Fonds d'excellence en recherche Apogée Canada existe et il investit de grosses sommes d'argent. Il a investi dans le domaine océanographique à Dalhousie. Ils sont les meilleurs dans ce domaine. Le programme n'investit pas ce genre de somme à McGill. Mais bien sûr, nous pouvons collaborer avec Dalhousie, d'autant plus que nous avons un vice-président responsable de la recherche qui vient de là-bas. Nous avons d'excellentes possibilités, mais Dalhousie est en tête parce que ce sont les meilleurs. Et à McGill, le programme investit dans le cerveau. Nous avons un vaste groupe fantastique de chercheurs dans le domaine de la recherche sur le cerveau, qu'il s'agisse de recherche cognitive, neurodégénérative ou psychiatrique. Donc, le programme investit dans le cerveau. Nous invitons des pairs à travailler avec nous, mais il y a, et c'était notre choix, d'ailleurs. Nous nous sommes présentés avec le domaine dans lequel nous pensions pouvoir être les meilleurs au monde. Donc, nous y sommes déjà. De plus, en tant que titulaire de la Chaire d'excellence en recherche du Canada, j'ai fait la même chose. La seule petite chose que je dirais, cependant, c'est que ce sont d'importants processus. Certaines personnes ont exprimé de la grogne : « Je n'ai pas reçu ma part, je n'ai pas reçu ma part », mais le programme se concentre vraiment sur ce que vous faites le mieux. Donnez-nous, montrez-nous les choses que vous pouvez bien faire, et nous investirons.

Ces processus sont bons, mais ils sont également très lents. Et c'est toujours difficile parce que, vous savez, il y a d'autres personnes, en particulier d'autres pays, qui sont prêts à prendre la meilleure personne dans le domaine des batteries de Dalhousie ou dans le domaine de l'océanographie et à l'amener dans leur pays avec d'énormes investissements dans leur recherche. Donc, je dirais que nos processus ne sont généralement pas agiles ni suffisamment rapides. Et parfois, je le pense vraiment, nous perdons de grands talents au profit d'autres pays.

Deep Saini : Suzanne l'a si bien dit, je veux dire, en particulier, concentrons-nous sur les sciences. Je veux dire, nous avons tous les deux une expérience dans le domaine des sciences, c'est donc facile de parler de ce domaine, mais cela s'applique également à d'autres domaines. Néanmoins, en science plus précisément, la mégascience demande beaucoup d'argent. On ne peut pas faire de la mégascience avec peu de moyens. Et, comme vous le savez, compte tenu de la taille de notre économie, nous n'avons tout simplement pas assez de ressources pour créer des mégasciences dans chaque discipline, dans chaque université du pays. Et je pense que cette approche consistant à permettre à certaines idées d'éclore de façon organique dans certains endroits, en particulier lorsque l'écosystème sur place est favorable, l'écosystème extérieur est également propice à cette croissance, je pense que c'est une idée brillante. Et la chose que j'appuierai, c'est cette idée que Suzanne a dite, a abordée, que nous avons besoin, en tant que pays, de créer les conditions pour faire venir au pays certains de ces mégacerveaux d'ailleurs et les installer aux bons endroits, là où ils apporteront une contribution. Nous devons avoir plus de lauréats du prix Nobel dans ce pays, et le moyen d'y parvenir est d'être très méthodique.

Taki Sarantakis : Oui, et nous avons parcouru un long, long chemin, et ce, seulement au cours de ma carrière dans les 25 dernières années. La relation entre les universités et le gouvernement du Canada a tout simplement changé de façon spectaculaire. Et maintenant, je vais faire quelque chose. Je vais faire quelque chose de vraiment intéressant et je peux le faire uniquement parce que nous sommes réunis de façon virtuelle. Je vais vous donner, à chacun d'entre vous, une baguette magique virtuelle, et vous allez me dire quelle est la seule chose que le gouvernement du Canada pourrait améliorer pour être meilleur dans le milieu universitaire. Mais vous ne direz pas le financement, parce que l'argent est plutôt ennuyant. Et nous le savons tous que, vous savez, l'argent, l'argent, l'argent, c'est la réponse paresseuse. Mais si je vous donne une baguette magique virtuelle, comment le gouvernement fédéral pourrait-il rendre votre vie un peu meilleure, un peu plus facile, un peu plus stratégique? Que pourrait-il faire? Je vais commencer par vous, Suzanne.

Suzanne Fortier : Je donnerai deux réponses, si vous me le permettez : l'agilité et la souplesse.

Taki : Ahhh, vous trichez déjà! Bon, allez-y.
Je veux dire, les deux vont de pair. Elles sont connexes. L'agilité et la souplesse. Nous en avons déjà parlé. Ne faisons pas à Halifax quelque chose qui ne leur convient pas, ce n'est pas quelque chose dans lequel ils peuvent exceller, mais cela vient de Toronto et c'est important là-bas. La flexibilité dont nous avons besoin pour nous appuyer sur la force des écosystèmes variés. C'est ce que j'aimerais voir.

Taki Sarantakis : Deep

Deep Saini : C'est excellent. Et je vais emprunter une direction légèrement différente. Je pense que c'est l'état d'esprit fondé sur les preuves dans notre gouvernance nationale, je pense que c'est une chose que notre gouvernement peut faire, et que, cela peut se produire à la fois à l'échelle fédérale et provinciale. Je crois que nous avons à nouveau une occasion unique, historiquement unique, car nous sortons de la pandémie. Et si vous vous penchez sur les preuves du monde entier, les pays qui ont appuyé leurs décisions sur la science, les preuves et les conseils des experts ont franchement mieux tiré leur épingle du jeu que les pays qui ont politisé les enjeux ou qui n'ont pas adopté une approche scientifique et fondée sur des preuves pour gérer le problème.

Je pense que c'est le moment où le monde, peut-être même sans en parler, prend conscience de la valeur d'une approche scientifique fondée sur des preuves pour la gestion de nos sociétés. Et cette pandémie est vraiment, vous savez, aussi triste qu'elle ait été, et nous avons perdu près de cinq millions de personnes dans le monde, du moins, selon les chiffres officiels, c'est très triste, mais c'est un pique-nique du dimanche comparé à ce qui se prépare avec certains des autres grands problèmes vraiment épouvantables comme le changement climatique, par exemple. Et je crois qu'il y a une occasion pour nos gouvernements de mettre davantage l'accent sur les preuves et l'expertise dans la prise de décision lorsque nous nous attaquons à ces grands problèmes. Et c'est le... et si le gouvernement faisait cela, les universités de ce pays auraient collectivement tout ce dont nous avons besoin en tant que pays pour le faire.

Taki Sarantakis : J'aime beaucoup cette idée, Deep, parce que comme vous le dites, ce ne sera malheureusement pas la seule tempête à laquelle nous ferons face dans les années à venir, et les tempêtes seront plus rapides et plus fortes, moins prévisibles et plus intenses. Et nous devons collectivement nous préparer, que vous travailliez dans une université ou au sein d'un gouvernement ou n'importe où ailleurs afin de commencer à faire face à ces tempêtes. Nous conclurons sur le point soulevé par Deep concernant la pandémie et l'avenir. La pandémie changera un bon nombre de choses. C'est inévitable, elle touchera au moins les universités à l'avenir. Deep, quelle est votre prédiction ou votre projection? Que représentera la pandémie dans une décennie pour le milieu universitaire du Canada? Ou encore, que voudriez-vous qu'elle représente pour le milieu universitaire canadien, lorsque la COVID-19 sera derrière nous, mais que les répercussions se feront encore sentir?

Deep Saini : Eh bien, je crois que les répercussions de la COVID-19 amèneront deux choses. La première est, vous savez, des billions de dollars ont été empruntés et dépensés, imprimés, empruntés ou dépensés, et dépensés. Et notre société devra les rembourser d'une manière ou d'une autre. Nous devrons composer avec les conséquences économiques. Alors une autre pandémie se prépare après celle dans laquelle nous nous trouvons et elle sera économique. Et la façon dont nous la gérerons sera critique. Et je crois que les universités y joueront un rôle essentiel. Elles devront toutefois jouer ce rôle dans un climat économique largement différent de celui dans lequel nous avions l'habitude d'évoluer par le passé. Alors c'est l'une des choses auxquelles nous devons nous préparer.

La deuxième chose, et elle était présente, s'envenimant au sein de nos sociétés, concerne certaines des inégalités sociales qui ont été mises en lumière par la pandémie ou qui l'ont peut-être été par hasard pendant la pandémie. N'est-ce pas? Par exemple, le cas de George Floyd, entre autres. Ces choses sont arrivées, elles ne se sont pas produites à cause de la pandémie, mais elles sont arrivées pendant la pandémie ou juste avant. Et les inégalités dans nos sociétés sont devenues un problème majeur. Et je ne pense pas qu'il disparaîtra, et il ne devrait pas disparaître. Je pense qu'il s'agit d'un problème que nous devons régler collectivement et je crois que les universités sont dans une position unique aujourd'hui pour y jouer un rôle clé. D'abord parce que nous avons nos propres problèmes à résoudre. Et je pense que nous avons un passé avec lequel nous devons composer, et c'est ce que nous faisons.

Mais ensuite, il s'agit d'un problème qui perdure depuis au moins 400 ans dans notre partie du monde, et nous ne le résoudrons pas du jour au lendemain. Ce n'est pas – toute personne qui cherche une solution dans les prochaines 24 heures sera déçue. Résoudre ce problème demandera du temps ainsi qu'une approche réfléchie parce que le système a été limité pendant si longtemps qu'il nous faudra du temps pour résoudre ce problème de manière intelligente, au fil du temps. Il y a un risque que dans ces circonstances nous tombions dans le piège de cocher des cases, et nous subissons une pression en ce sens. Mais les universités peuvent aider à éviter ce piège et à accélérer l'enrichissement de ce système qui nous aiderait en fait à résoudre le problème dans un délai raisonnable. Et en tant qu'établissement, nous sommes les mieux placés dans la société pour y être des intermédiaires honnêtes en ce qui concerne les questions de cette nature, les questions complexes. Il n'y a aucun autre établissement dans notre société qui est mieux placé pour être d'honnêtes intermédiaires. Et nous devons prendre cette responsabilité sérieusement et nous y engager.

Taki Sarantakis : Suzanne, je suis désolé, ce sera difficile pour vous de renchérir, mais allez-y.

Suzanne Fortier : Eh bien, je pense qu'il y a deux choses que la pandémie nous a enseignées. Il y a l'importance de réfléchir à propos de ce que signifie le fait d'être humain. Notre humanité. Et c'est très important et c'est un aspect très pratique parce que nous parlons de l'intelligence artificielle, l'intelligence artificielle, l'intelligence artificielle. C'est bien, les machines peuvent faire un grand nombre de choses pour nous, mais notre humanité est ce qui façonnera vraiment l'avenir de notre monde, de notre pays et de notre monde. C'est important. Elle nous a aussi appris l'humilité. Nous ne savons pas tout, alors nous ferions mieux de nous mettre à penser que nous devons accroître le savoir dans tout. Nous devons être en avance sur ces tournants. Je suis tellement heureuse que l'ARNm, je veux dire, l'un de nos grands chercheurs à McGill effectuait cette recherche il y a 30 ans, formant une personne qui travaille maintenant à Moderna, c'est génial, mais nous devons nous en souvenir.

Mais en tant qu'établissement d'éducation, nous devons apporter ces perspectives à nos étudiants. Nous vivons au Canada, nous vivons dans nos propres communautés. Nous vivons dans la communauté mondiale. Et ce qui se passe dans une autre partie du monde a une incidence sur nous. Une jeune femme qui ne peut actuellement pas accéder à l'éducation dans un pays, disons l'Afghanistan, cela a une incidence sur nous, sur le monde. Nous ne sommes plus isolés. Nous vivons tous sur la même planète. Nous voyons les virus, bien sûr, avoir une incidence transfrontalière sur le changement climatique et l'économie, mais aussi sur l'ensemble des êtres humains qui vivent ensemble sur la même planète. Et je pense que c'est quelque chose, qu'en tant qu'université, non seulement nous pouvons faire, mais que nous avons la responsabilité de faire. Apporter une expérience d'apprentissage, en particulier aux jeunes, pour qu'ils aient, à l'avenir, la capacité d'entraîner – j'appelle cela mieux construire l'avenir avec de grandes valeurs et un grand engagement envers leur communauté, mais aussi envers le monde.

Taki Sarantakis : Suzanne Fortier et Deep Saini, merci infiniment d'avoir pris le temps de vous joindre à nous. Merci infiniment de vos idées, de votre énergie, mais surtout, merci d'être des alliés de la fonction publique du Canada. Je vous souhaite le meilleur et j'espère que vous vous êtes autant amusés que nous ici. Merci beaucoup.

Suzanne Fortier : Merci.

Deep Saini : Merci, Taki. Ça a été un plaisir et un honneur.

Suzanne Fortier : Merci.

[La séance de clavardage vidéo s'estompe pour laisser place au logo de l'EFPC.]

[Le logo du gouvernement du Canada s'affiche et s'estompe pour laisser place à un fond noir.]

Liens connexes


Date de modification :